La première partie du récit, le conte de la sorcière qui aimait le piano, se trouve ici (cliquer sur lien).
Résumé grossier de la première partie : La professeure de piano des enfants a raconté pendant le récital informel de printemps une histoire de sorcière. Durant l’apéritif convivial qui a suivi, elle nous a dit que la maison décrite existe. « Cette maison se trouve tout près d’ici, dans la forêt de Menez Bras*. Elle est abandonnée. Elle se situe au milieu du bois, non loin d’une petite mare avec des crapauds. C’est une grande maison qui est vieille, délabrée, entourée de végétation » a-t-elle expliqué, ajoutant qu’elle était tombé par hasard dessus en se promenant en fin de journée quelques jours plus tôt.
Aujourd’hui, c’est spécial.
Ce mercredi, les enfants et moi-même sommes pour la première fois invités à aller voir Monsieur-Mon-Mari sur son lieu de travail cet après-midi. Alors, exceptionnellement, les enfants ne vont pas au centre aéré.
Aujourd’hui, Il fait un temps magnifique.
C’est un de ces jours où on laisse tout tomber pour aller se promener. Comme nous sommes pris cet après-midi, il est hors de question de partir loin pour piqueniquer. J’ai envie que nous fassions une balade dans le quartier, sans avoir besoin de prendre la voiture. Alors, je propose aux enfants d’essayer de trouver la maison de la sorcière qui aimait les pianos.
Enthousiasme immédiat. En moins de cinq minutes Ririe avait brossé ses cheveux, Fifi s’était habillé seul et Loulou avait trouvé ses chaussures.
Nous voilà donc partis de bon matin à la recherche de la maison de la sorcière. Nous descendons notre rue, empruntons un premier passage secret, puis un second, jusqu’à atteindre le jardin partagé situé à l’entrée du bois.
A la recherche de la maison de la sorcière
Les enfants sont aussi curieux que moi. Attentifs au moindre détail qui permettrait de reconnaitre la maison de la sorcière, ils scrutent les bois, les allées à la recherche d’indice. Nous descendons un escalier, longeons un grillage tout neuf
– « est-ce la limite du jardin de la sorcière ?
– cela expliquerait pourquoi certains poteaux sont déjà au sol… »
Point de maison de la sorcière dans l’enceinte de l’enclos.
Un panneau indique que désormais des chèvres viendront régulièrement paître entre ces arbres pour un entretien ‘biologique’ des espaces verts de la ville.
Nous achevons la descente de notre colline. En bas, nous traversons la route qui coupe le bois de Menez Bras en deux pour rejoindre la mer. La chaussée est humide sous les roues et les pieds. En effet, des deux côtés de la route se trouvent plusieurs sources dont l’eau déborde du caniveau. Nous remontons un peu entre les deux collines puis descendons. Quelques maisons sont là, mais aucune n’est celle de la sorcière.
Trois chemins s’offrent à nous, l’un part vers la mer, sous un pont. Le second est une route qui remonte au bord du bois. Le troisième est un escalier ‘secret’ caché par des buissons… alors c’est celui que nous choisissons car il semble le plus logique pour mener à la maison d’une sorcière. Surtout qu’en haut il y a.. IL Y A ?
Ririe se persuade que le mur que l’on aperçoit est en ruine. Elle grimpe vivement, suivie de son frère rapproché. Elle se voit déjà terrassant la sorcière et jouant du piano cintré.
La déception est grande : ce ne sont que des murs de limites de propriétés marquant le fond des jardins d’un lotissement de maisons néo bretonnes. Qu’importe, nous les longeons, suivant l’orée du bois depuis le haut de la seconde colline. Rapidement les ronces et les orties remplacent l’herbe fauchée. Quand le chemin devient étroit et que l’à pic se rapproche des pieds de mes enfants, je suggère que nous retournions sur nos pas.
Ne nous laissant pas abattre, nous empruntons un autre chemin secret entre deux murets. Quelques rues s’entrecroisent, aux noms évoquant la construction de Versailles (dans notre ville, les rues d’un quartier sont souvent toutes sur le même thème).
« Maman, y’ a un chemin secret encore par là ! »
Nous prenons la direction indiquée. Malheureusement, il s’agit d’une impasse. Mais… que voyons-nous au loin ?
Une maison abandonnée et recouverte de végétation.
Nous contournons l’ilot de maisons jusqu’à un grand jardin. Illégalement, j’aide mes enfants à rentrer sur la propriété qui n’est pas vraiment close (comme souvent en Bretagne).
Une maison centenaire s’offre à notre vue. Elle est petite, très délabrée. Le sol de l’étage est en cours d’effondrement. Par les portes détruites, nous découvrons un séjour en terre battue, une salle d’eau hors d’usage et une cuisine en ruine.
En contournant cette maison, nous trouvons une haie de buissons fleuris. Derrière, j’entrevois à une cinquantaine de mètres un bout de toit. Je l’indique aux enfants. Aussitôt nous reprenons notre marche, entre les herbes hautes et une haie de rhododendron.
Les enfants ne sont pas rassurés, ils ont peur de se retrouver nez à nez avec la méchante sorcière. Je leur rappelle que désormais la sorcière est vieille, nous courrons bien plus vite qu’elle. Ils me suivent, impressionnés, presque silencieux.
Elle est là, grande, majestueuse : la maison de la sorcière !
Je dois me reculer à fond, jusqu’aux premiers arbres du bois, pour pouvoir la photographier en entier. Une glycine recouvre toute sa façade avant. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont obstruées par des panneaux de bois. Fascinés, les enfants et moi faisons le tour.
L’architecture date peut être du début du 20eme siècle. Sous la végétation je devine une maison de maître bien construite, spacieuse et lumineuse. De couleur vert d’eau, dissimulé partiellement par le lierre et la glycine, une grande partie des volets de l’étage est toujours en place.
« Maman, j’ai envie de faire pipi ». Avec trois jeunes enfants, la poésie ne dure jamais longtemps.
Pendant que deux enfants se soulagent, j’enjambe une fenêtre ouverte. Je pénètre dans un grand séjour. Les lieux semblent abandonnés depuis quelques temps déjà. Pourtant, en dehors du verre pilé au sol, la pièce semble plutôt en bon état. Elle a dû être aussi agréable que lumineuse. Je passe dans un couloir, remarque une cuisine années 90, puis l’accès arrière qui est ouvert. La porte en bois massif git au sol.
J’appelle mes enfants qui contournent la maison pour me rejoindre.
Ensemble nous retournons dans le séjour. La sorcière n’a pas laissé d’affaires. Par contre, les dessins aux murs ont tout l’air d’être des sorts. Une double porte-fenêtre au verre totalement brisé donne sur un petit salon parqueté avec une cheminée dont le manteau a disparu.
Pas moyen de mettre un chaudron dessus pour faire cuire la potion magique.
Nous repassons dans le couloir. Sur un côté, les restes d’un escalier en bois massif, probablement du chêne montant à l’étage. Il manque la seconde volée et les deux premières marches qui ouvrent sur un trou béant au sous-sol. « Maman regarde : les musiciens ont dû être prisonnier là ! »
Sous le palier du demi-étage, une porte ouvre vers l’escalier du sous-sol. A notre grande surprise, le trou laissé par l’absorbeur de son est bien visible : il est probable que c’est par là que sont sortis les pauvres musiciens.
Dans les autres pièces du rez-de-chaussée nous découvrons d’autres formules magiques…
… jusqu’à tomber sur un tas de détritus divers à l’entrée de la cuisine : « Maman, ce sont les restes des pianos cintrés ?!!! ».
La preuve est faite : nous avons trouvé les traces des musiciens et des pianos, donc cette grande maison, en apparence trop grande est belle pour une vilaine jeteuse de sorts/kidnappeuse, est bien l’ancien habitat de la sorcière qui voulait jouer du piano.
Heureusement que nous la savons bloqué dans l’absorbeur de sons… sinon nous serions très inquiets de la voir !
Notre visite de la maison finie, Fifi ramasse une poignée de porte qu’il souhaite garder en souvenir. Loulou et Ririe prennent deux tuyaux magiques ‘qui font de la musique’ (depuis, une de mes voisines s’est mise à chercher un oiseau dans les arbres de son jardin en les entendant souffler dedans). Nous reprenons notre chemin au milieu des rhododendrons. « La petite maison est probablement celle de la sorcière et elle gardait ses prisonniers dans la grande » nous disons nous en repassant devant la ruine.
Marchant dans les herbes hautes, nous étions sur le point de quitter le jardin de la sorcière quand Ririe s’est tournée vers nous, le visage perplexe : « mais, cela ne peut pas être la maison de la sorcière en fait… ou alors Mélodie** nous a mentit ! »
Demain nous allons devoir reprendre notre exploration de la forêt de Menez Bras pour chercher une autre maison de sorcière.
Sauriez-vous me dire quel détail ne convient pas ?
*Si la forêt existe, le nom que je lui ai attribué est sorti de mon inconscient…
** Le prénom a été modifié
Il manque la marre avec les crapauds ? 😉
Je veux encore une histoire ! S’il te plaît !!!!
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Bien vu !
(et merci d’avoir commenté, je le sentais seule)
Tu penses vraiment que je devrais trouver d’autres histoires ? (mes enfants en inventent et moi aussi)
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Oui en tous cas Moi j’adore ça 😀
J’avais raconté celle du zèbre de Pilou2. Mais je suis plus douée pour les lire que pour les écrire…
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