Les mardis soirs se suivent et se ressemblent : lorsque je viens chercher Ririe et Fifi à 16h30 tapantes à l’école pour courir à l’école de danse, ma fille pleure à moitié en me disant « maman, je ne veux pas y aller, je suis trop fatiguée ». C’est vrai que ce n’est pas drôle. Tout les mardis, c’est le sprint. On court, je les presse, « Fifi accélères, tu retrouveras tes copains demain ! » « Ririe ne traverse pas toute seule » « NON ! » « Viens ! » « AVANCE ! »… Certains mardis, j’ai la désagréable sensation d’être une harpie qui bride et enquiquine mes trois enfants.
Une fois dans la voiture, les goûters distribués, cela va déjà un peu mieux. Le ventre se remplissant, Ririe retrouve le sourire. Elle partage son biscuit préféré avec petit frère, son « petit cœur chéri ». Tournant la clé de contact dans le leman pour démarrer le tank, je m’énerve intérieurement en regardant l’heure. Il est déjà plus de 16h40 : pourquoi/comment nous faut il 10 minutes pour rejoindre une fichue voiture à 100m au max de l’école, monter dedans, démarrer et rouler ?
Oh oui…
C’est vrai…
Ils sont trois et l’aînée a 5 ans !
Nous prenons le chemin du centre ville. On se gare, on descend, on se hâte jusqu’à la loge pour que Ririe soit prête dans les temps. A 17h tapantes, « un câlin, un bisou » et ma fille entre en scène pour sa leçon de danse, sous l’œil envieux de ses deux frères qui sont encore trop jeunes pour cette activité.
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Sortis du théâtre, je me détends d’un coup : j’ai une grosse heure seule avec mes deux garçons. Toutes les semaine, ce contraste entre le sprint pour le cours de danse et le temps calme qui lui succède m’étonne. Mes fils savent que je suis à leur disposition. Loulou essaie de tenir en équilibre sur des petites bornes qui rythment le trottoir, bat des mains pour se féliciter lui même. Fifi saute à cloche pied, suivant un invisible quadrillage en parlant seul. Tranquillement, nous rejoignons le tank que désormais je gare au plus près de la porte (quitte à devoir payer…). Les deux enfants s’amusent à courir sur le trottoir, jusqu’à ce que mon exaspération dépasse leur envie de me faire tourner en bourrique.
Mon précieux chargement bouclé dans deux sièges auto, j’appelle à Monsieur-Mon-Mari pour lui rappeler « On est mardi ! ». Les enfants profitent du Bluetooth pour parler à leur père, rendant la conversation confuse. Nous prenons le chemin de la maison. Le centre ville est embouteillé à cette heure. Nous devons traverser les rails du tramway et le plus souvent, pour le grand plaisir de mes petits, nous sommes stoppés par le passage d’une rame. Une fois passée la gare SNCF, la route se dégage pour nous, et nous longeons la voie ferrée tout en profitant du point de vue dominant sur la mer.
Je demande pour la forme : « On prend le pont ? »
« Oh oui maman » disent-ils, « on prend le pont ! »
En sortie du centre ville, un grand pont passe au dessus d’une « rampe » vers la mer. Quand on le traverse, non seulement on peut voir toute la rade, mais aussi on peut ‘admirer’ la route et la voie ferrée en contrebas. A la sortie du pont on peut admirer un grand portail en pierre puis la maison que « l’on a visité mais qu’on achètera pas, oh ça non ! ».
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Arrivés à la maison, mes fils sautent de la voiture. Fifi grimpe immédiatement sur le muret de notre jardin. Loulou se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre le bouton commandant la fermeture de la porte arrière du tank.
Mes fils se jettent ensuite sur la boite aux lettres pour « voir s’il y a du courrier ». Mal fixée, elle tangue, manque de tomber au sol. Je la rattrape et la stabilise, la replaçant sur le muret (un jour quelqu’un partira avec). Pas de courrier. Je monte les marches du perron, déverrouille la porte d’entrée.
(C’est quoi cette odeur ?
Oh, flûte, Monsieur-Mon-Mari n’a pas vidé la poubelle et on a mangé des fruits de mer y’a deux jours… Au moins cette fois le problème sera vite résolu !)
Les garçons souhaitent jouer dehors bien que je les appelle… jusqu’à ce que celui d’entre eux qui n’a plus de couche passe devant moi en courant « j’ai envie de faire caca ! ». A défaut d’être poétique, c’est efficace pour qu’il rentre dans la maison. Ne pouvant monter seul sur le muret, Loulou me fait un grand sourire, enfourne une poignée de feuille de menthe dans sa bouche, et me rejoint à l’intérieur. Très rapidement, mon presque plus bébé est pieds nus, sans que je ne sache où sont ses chaussettes et ses chaussures. Les manteaux de mes fils sont au sol, l’un dans le hall, l’autre dans le couloir des toilettes. Je les ramasse machinalement et les pose sur le porte manteau.
Mes deux fils jouent, ensemble ou séparément. L’un va user les petites voitures sur le sol, l’autre va couper en confettis de vieux prospectus. La maison est calme et souriante. Je savoure ce moment tout simple.
Les Légos sont de sortie, les Playmobils aussi. Le hall d’entrée et la chambre d’amis/salle de jeu sont jonchés de jouets… le séjour de peluches et de bouts de papier de toutes taille. Plutôt que de ranger, je m’assoies par terre et j’aide mes enfants à monter le circuit du train en bois. Sous la direction de mes enfants, je construis le circuit « de la mort qui tue », avec des ponts et des tunnels, ou celui qui va permettre aux policiers d’attraper les méchants, aux secouristes de sauver les victimes de l’accident de voiture, aux pompiers d’aller éteindre l’incendie. Parfois je fais une route de montagne, plus rarement un chemin de bord de mer. Mes enfants ont toujours une idée bien précise de l’architecture de leurs circuits.
Trop vite, c’est l’heure du bain. Contrairement à Ririe qui estime le temps passé sous la douche comme perdu pour les autres activités, mes deux fils montent sans rechigner : ils ont la perspective d’un vrai moment de jeu dans l’eau. Ils pénètrent l’un puis l’autre dans la baignoire, me réclamant leur jouets. Je lave le petit, aide le grand à se savonner, « Oui, les cheveux aussi Fifi ». Ensuite, la baignoire se remplit petit à petit pendant que je leur donne leur (trop) nombreux jouets de bain : dînette, arrosoir, grenouilles, un tracteur, deux bateaux et l’inévitable gant de toilette.
Ils s’ébattent dans l’eau, aspergeant copieusement le sol de la salle de bain au passage. Je prépare leur dîner, faisant des aller-retour entre la marmite d’eau à pâtes et la marmite d’eau à enfants.
Monsieur-Mon-Mari et Ririe arrivent à leur tour dans la maison du bonheur. J’ai le droit à une démo de danse de la part de mon amoureux qui fait beaucoup rire sa fille.
Le rire devient grincement quand elle comprend qu’il reste une place dans la baignoire pour elle.
Comme à chaque fois, elle a bien d’autres choses à faire qui sont plus urgentes que se laver.
Comme à chaque fois, elle chouine et proteste.
Comme à chaque fois, elle n’arrive pas à se déshabiller sans mon aide.
Comme à chaque fois, un gros câlin et cela repart;
Comme à chaque fois, elle est accueillie comme une star par ses deux frères dans la baignoire.
Comme à chaque fois, elle trouve qu’il n’y a pas assez de temps pour prendre son bain alors qu’elle a d’elle même décidé de sortir après un trempage express.
Monsieur-Mon-Mari prend le relais pour faire sortir la marmaille de la baignoire. D’un tour de main devenu agile avec le temps, il les sèche, les aide à s’habiller, enfile des chaussons sur des petits pieds tout en séchant des cheveux blonds.
On est en retard pour le dîner, mais tout le monde s’en moque, même moi.
Parfois on doit se presser.
Mais c’est tellement bon aussi de vivre des petits moments calmes et routiniers.
Et vous, quels sont vos petits grands moments ?
J’ai adoré lire cet article. Ça fait tellement de bien parfois de se poser dans la course quotidienne, de profiter et de prendre pleinement conscience de leurs rires, leurs jeux, leurs habitudes
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C’est clair 🙂
il y a quelques années, j’avais lu un article intéressant d’une mère qui disait toujours « dépèches toi » à ses enfants et s’était rendu compte de l’inintéret de toujours les presser. Depuis, je fait tout pour éviter cette phrase
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merci pour le gentil commentaire
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C’est chouette d’avoir le temps de prendre son temps avec ses enfants! Je trouve ca tres plaisant aussi de se laisser aller au fil des activites des enfants, de les suivre dans leur rythme et leurs jeux, en profitant du temps ensemble. Vous avez l’air d’avoir des soirees bien occupees. A quelle heure se couchent tes enfants?
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Avant on arrivait à le faire pour 19h30. Depuis quelques mois, c’est plutôt 20h (ils aiment rallonger le rituel du soir et leur père se laisse faire pour profiter d’eux lui aussi)
Ce que je préfère en fait, c’est les écouter jouer, entendre les histoires qu’ils inventent dans leur jeux.
J’imagine que chez vous aussi les soirées sont bien remplies, surtout que le grand est plus grand que ma Ririe je crois 🙂
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Nous sommes a peu pres dans les memes tranches d’age. Mon aine a eu six ans il y a tout juste deux semaines 🙂
Chez nous c’est coucher a 19h, car mon mari rentre trop tard du travail de toute facon… et qu’on se leve a 6h30 pour eviter la course du matin 😉
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J’ai décrit ma course du matin dans l’article d’hier LOL
Vous vous en sortez chez vous ? je serais intéressée de lire comment tu fais.
Au passage mon deuz est du 1er mai… Vive les BB de mai alors 🙂
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