Ce matin j’ai ouvert doucement la porte de ta chambre.
Dors-tu ?
Pas un bruit.
J’ai passé dans l’entrebâillement une tête hésitante pour essayer de te voir dans le noir. Tu as vaguement bougé. Pensant que tu dormais, je me suis retirée sur la pointe des pieds.
« Maman ? » as-tu demandé.
Je suis revenue à la porte, ai repassé la tête, puis le reste du corps : tu étais assis sur ton lit, tu souriais.
« Maman ! » as-tu dis d’une voix rieuse.
Je me suis approchée. Tu t’es allongé, tête vers moi, pieds vers le mur. Ton grand sourire éclairait son visage, faisant briller tes yeux clair dans l’ombre.
Je me suis assise sur ton lit, te souriant en retour. Tu as étiré tes petits bras, les gardant bien tendu tout en les croisant.
« Regardes Maman ! ». Tu as éclaté de rire, fier d’imiter l’éléphant, celui qui trompe énormément, même si tu le mimes sans tenir ton petit nez. Je t’ai félicité d’être un enfant aussi agile. J’ai caressé tes cheveux, ton visage, tes joues, ton bidon, tes jambes repliées telles celles d’une grenouille, ta spécialité depuis ta naissance.
Contre ton lit de grand se trouve ton ancien lit à barreau. Ce matin cela fait une semaine que tu l’as quitté. Son petit côté sert de barrière de sécurité pour que nous ne nous inquiétons pas d’une éventuelle chute dans la nuit.
Pour que tu te sentes bien entouré le soir pour t’endormir.
Je me souviens de ta naissance, comme si c’était hier soir
Déjà quand tu étais en moi, bien au chaud dans le studio transformé en loft par ton frère, je savais que tu serais un bébé facile. Je fais partie de ces mamans qui ressentent in utéro certains traits du futur comportement de leurs enfants.
Pour moi, il était évident que ta sœur serait vive, toujours en action, que ton frère serait un enfant calme, qu’il aimerait la cuisine épicée.
Par ce même instinct, je prévenais mon entourage sceptique que tu serais un bébé agréable et simple à vivre.
Une semaine avant ta naissance, la grippe s’est invitée chez nous.
Ton frère et ta sœur étaient alités, fiévreux, réduits à l’état lymphatique. Avec une température suffisante pour cuire un œuf au plat sur son front, ton père ne valait pas mieux.
Le dimanche avant ta naissance, j’ai fait venir un médecin à la maison pour constater les dégâts et prescrire du paracétamol. Je revois ton père, tenant à peine debout, expliquer au docteur qu’il ne pouvait pas être malade puisque sa femme allait accoucher.
Le médecin a souri.
Puis il lui a gentiment expliqué qu’avec une telle fièvre il est hors de question qu’il accède à un plateau d’accouchement. Il a ajouté que je n’allais pas accoucher de suite.
– « N’est-ce pas madame ?
– J’ai bien l’intention d’attendre qu’il soit guéri ! » lui avais-je répondu avec un sourire confiant.
Tu nous as écoutés.
Ce dimanche de grippe, j’ai appelé tes grands parents au secours pour me seconder dans ce chaos au milieu des KO. Ils sont arrivés le lendemain. Au bon moment pour profiter du bruit dans la maison voisine dans laquelle des ouvriers dégommait un mur porteur à l’aide d’un marteau piqueur.
Sacrément costaud le mur en question : ils ont utilisé le marteau piqueur pendant deux jours !
Avec le recul, à chaque fois que je regarde la superbe vue sur la mer depuis le séjour de mes voisins, je constate que cela en valait la peine… mais sur le moment, je pense que mes charmants voisins ont dû ressentir quelques sifflements auditifs !
Tes grands parents ont pris le relai pour la maison, les enfants, même la cuisine. Malgré le bruit, j’ai pu me reposer un peu, résistant au virus presque par la seule force de ma volonté.
La semaine a avancé, ta sœur, puis ton père et enfin ton frère sont sortis des limbes… Avec ton grand père, ton Papa a même pu faire quelques menus travaux pour s’occuper utilement dans l’attente.
Puis est venu le weekend, ce dimanche où je me suis levée avec une douleur au bas du dos qui ne passait pas… qui est restée jusqu’à ce que tu ais découvert la vie au grand air.
J’ai envie d’écrire que tu es arrivé comme un boulet de canon.
Mais un boulet de canon c’est violent, or ta naissance a été un moment exceptionnel, doux, riant. Tu nous as rejoints très vite, moins de deux heures en tout, peut-être une heure seulement après notre arrivée à la clinique.
Personne n’était pressé pourtant : aucun autre enfant n’est venu au monde la même nuit que toi dans cette clinique. Symboliquement, ton père et moi aurions aimé que tu attendes le lendemain pour naitre : il ne restait plus qu’une heure pour que tu naisses le 9.
Tu es né dans un éclat de rire
Dans le box, toi dans mes bras, lové contre ma poitrine, nous étions tous un peu surpris de la facilité et la rapidité de ta naissance. Au point d’en rire de bon cœur. Tu es né entre les rires de tes parents, du médecin qui avait aussi fait naître ton frère et ta sœur, et des personnels soignants qui n’en revenaient pas du calme de l’ambiance de cette salle d’accouchement.
A la maternité, tu étais déjà un bébé facile et simple à gérer. Tout n’a pas été rose en rentrant à la maison, mais globalement tu as géré comme un chef.
A 17 jours de vie, tu as sidéré la sage-femme qui surveillait ton instable poids par tes sourires intentionnels.
On n’est pas sensé sourire ainsi à cet âge-là.
Ces sourires avant l’âge ont mis le ton. Tu es heureux.
On te surnomme « monsieur Heureux »
Ce personnage rond et jaune, qui rappelle le soleil, est ton totem : ton sourire en bandoulière, tu sais faire avaler des couleuvres aux adultes les plus difficiles. Un regard de ta part, ton rire d’enfant, emballé c’est pesé, tu obtiens ce que tu veux de qui tu veux.
Même ta nounou, qui en a vu d’autres, se laisse avoir…
Même moi.
Élever un petit au charme ravageur n’est pas toujours évident : en séduisant tu obtiens régulièrement des passes droits interdits à la majorité des enfants.
Une partie de moi s’en insurge… Une autre se dit que c’est ta nature qui produit cet effet sur les gens, alors autant que tu apprennes à maîtriser ton arme fatale.
Tu es mon dernier enfant
Tu as été mon dernier bébé. Parfois j’ai du mal à te laisser grandir : à chaque étape que tu franchis je sais que tu clos une époque.
Certaines portes sont plus faciles à fermer que d’autres…. Je ne regrette pas les couches, mais j’aime que de temps en temps tu te laisses encore aller totalement sur moi, t’allongeant sur mon ventre, la tête dans mon cou que tu serres de tes petits bras.
Alors tu grandis plus lentement que tes deux aînés. Est-ce pour profiter un peu plus de tes parents ?
Ou pour que tes parents profitent un peu plus de toi ?
Tu as trois ans
C’est officiel, tu as dépassé l’âge de ta sœur à ta naissance. Pendant deux semaines mes enfants ont trois, quatre et cinq ans. L’an dernier, quand tu as eu deux ans, j’ai réalisé que mon bébé n’en était plus un. Maintenant tu as trois ans, tu es un enfant scolarisé, tu parles, dessines, joues… comme un grand.
Tu es un grand.
Un enfant de trois ans.
Un très bon anniversaire à Monsieur Heureux en retard si j’ai bien suivie 😊 L’écriture est envoûtante j’ai eu l’impression de partager avec vous ces moments 😍
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Merci 🙂
Oui, c’était le 8 😉
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Joyeux anniversaire à ton petit dernier.
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Merci !
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Bon anniversaire!
C’est un très joli article que tu partages là! Merci!
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Merci beaucoup… pour tout te dire, il avait du mal à sortir celui ci… et puis samedi j’ai été le réveiller 🙂
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Plein de belles choses pour les trois ans de Monsieur Heureux ♡♡♡
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Merci Lui n’en souhaite qu’une : une guitare en bois à cordes !
Si tout va bien, d’ici semaine ce sera bon 😉
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Bon anniversaire en retard à ton petit bonhomme. Ton texte est vraiment très beau 🙂
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Merci beaucoup pour nous deux..
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Joyeux anniversaire à ton petit bonhomme 🙂
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Merci 🙂
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Bon anniversaire à ton Monsieur Sourire !
Virginie
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Merci 🙂
Il est trop fier d’être un grand…. mais maintenant il veut avoir 4 ans !
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Joyeux anniversaire à ton petit grand bonhomme ❤
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Merci beaucoup
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Oooh quel article adorable, pour un sourire adorable… !!!! 3 ans, c’est si grand et encore si petit 🙂 Joyeux anniversaire (en retard) à monsieur Sourire !
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Merci pour lui. Là il profite à fond : une soi disant entérite fait qu’il est resté avec moi aujourd’hui… il a encore séduit une dizaine de personnes rien que ce matin…
Là il dort avec sa pelluche Mr Heureux, celle que je n’avais pas trouvé pour faire la photo de l’article
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