Ils sont là.

Iphigénie* et son mari, mon tendre Ami

Il y a deux jours Iphigénie est venue passer l’après midi avec moi chez mes parents où j’étais en visite. 3 enfants chacune, une fille puis deux garçons.

3 enfants chacune, nos aînées ont le même prénom à une lettre près, (presque un hasard) et un an exactement d’écart. Nos seconds ont le même âge, celui de mes amis est né le jour où mon grand-père maternel aurait eu 100 ans.

3 enfants chacune, et j’ai l’immense honneur d’être la marraine du petit dernier aux cheveux bruns et au sourire canaille rappelant celui de son papa… son papa, mon ‘tendre ami’ pour qui j’ai eu un coup de foudre amical un jour de printemps.

Il y a quelques jours Iphigénie a fêté ses 9 ans de mariage avec mon tendre ami. Woups, cela ne nous rajeunit pas.

Plus de 15 ans qu’on se connait.

15 ans d’amitié, je n’arrive toujours pas à nous voir en adultes, parents de plusieurs enfants, hommes et femmes ayant un métier, gérant un foyer avec l’aide de nos conjoints construisant nos vies.

Clarisse*

Il y a 9 ans, juste après ce mariage, j’étais partie faire ma princesse en auto-tour avec Clarisse. Toutes deux célibataires, nous avons visité « les capitales de l’Est » des États-Unis. Un magnifique voyage, de nombreux souvenirs comme la visite d’un village Amish, le homard de Boston, Ma Mammia à Broadway ou une soirée à Atlantic City.

C’était notre avant dernier voyage en tant que célibataires. Après le noël qui suivi, nous sommes parties fêter le nouvel an sous le soleil du Mexique.

Nous ne nous doutions pas que cette nouvelle année fêtée les pieds dans le sable blanc changerait nos vies. Fin 2010 chacune de nous vivait en couple. Depuis Clarisse est maman à mi temps… et j’ai eu trois enfants en trois ans.

Aloïs**

La dernière fois que nous sommes montés en Île de France, j’ai profité du trajet en voiture pour appeler mon amie Aloïs*. Nous avons parlé boulot, mutations, enfants.

En pleine conversation, je ne prêtais aucune attention à la route quand j’ai senti Monsieur-Mon-Mari ralentir. Sur le bord de l’autoroute, des motards faisaient des grands signes pour ralentir les voitures.

Monsieur-Mon-Mari : « Je pense qu’il y a un accident, je me mets dans la file de gauche pour que les enfants ne voient pas »

Moi, le regardant tout en parlant tranquillement dans le micro du téléphone : « Non mon chéri, tu vas t’arrêter sur le côté et je vais aller voir ce qui se passe. Aloïs je crois qu’il faut que je raccroche, il y a une voiture sur le toit devant nous ».

Aloïs, voix amusée : « A tout’»

Nous avons travaillé ensemble pendant pas mal d’années en tant que secouristes. Nous avons  tellement fait d’intervention en équipe que l’avoir en ligne au moment où nous croisons un AVP ne nous a pas plus surprises  l’une que l’autre.

Aloïs et moi, c’était une histoire qui commençait mal. Nous n’avions pas 25 ans… J’ouvrais mon clapet régulièrement pour dire ce qu’il ne fallait pas quand il ne le fallait pas…. Elle était une jeune fille de bonne famille aimant l’extrême gauche… Deux mondes opposables.

Puis nous avons toutes deux grandies, Notre amitié avec nous. On se ressemblait bien plus qu’il n’y parait.  Quelques mois après ma rencontre avec Monsieur-Mon-Mari, nous étions ensemble  au téléphone lorsque j’ai entendu : « bonjour Monsieur, un paquet de Marlboro s’il vous plait ? » Mon amie anti-tabac achetait un paquet de cigarette pour un ami ?!  Il n’y avait qu’une explication possible : cet homme était celui de sa vie.

Aujourd’hui il est effectivement le père de son enfant et ils cherchent une nouvelle maison… le genre avec un jardin et une barrière blanche.

Ma femme

Le mois dernier, un avion a traversé l’océan atlantique entre Paris et Montréal. Un parmi tous les autres. Pour moi cet avion était spécial : à son bord voyageait ma meilleure amie, avec son conjoint et ses enfants. Ils avaient pris un allé simple vers une nouvelle vie au pied des pistes de ski.

Les 600km qui nous séparaient en sont devenus 6000km. Ma meilleure amie, ma sœur de cœur, est partie vivre sur un autre continent, dans une région où j’ai désormais plus de famille qu’en Île de France.

Elle me manquait déjà…
Elle me manque encore plus.

 Je ne me souviens pas comment a commencé notre amitié. Ce n’était pas un coup de foudre, plutôt une histoire qui s’est construite avec le temps. Je n’ai pas été témoin de ses premières chutes en vélos ni de sa passion dévorante pour les Barbies. Elle n’a pas connu mon appareil dentaire ni mon béguin pour Roch Voisine…

Nous avons cependant grandi ensemble, nous épaulant pour entrer dans l’âge adulte, nous soutenant (parfois littéralement) l’une l’autre pendant les passages difficiles. Lorsqu’elle attendait son premier enfant elle m’a demandé d’être la marraine.
Je ne l’avais pas vue venir : elle a une sœur, une vraie, avec laquelle elle a grandie.

Ma femme sait beaucoup de choses inavouables sur ma vie, mes amours et mes emmerdes.
Elle a partagé avec moi beaucoup de choses inavouables de sa vie, ses amours et ses emmerdes.
Elle est là, même s’il nous faut parfois plusieurs semaines pour arriver à nous parler de vive voix au téléphone.
Je suis là, même si je ne vois pas immédiatement ses messages Internet.

Les Piliers

Les amis proches sont des balises, des murs porteurs, des lumières qui éclairent nos cœurs et réchauffent nos âmes. Même si trop souvent nous nous trouvons éloignés par la vie et le temps qui passe

Il y a ce jeune homme fan de jeux vidéos qui fait carrière dans une maison de haute couture en Asie. Sa fille et la mienne sont d’âge proches. Son fils est né entre les deux miens. Officiellement il a quarante deux ans. Pour moi, il en aura toujours 21.

Il y a cette jeune femme, aujourd’hui trentenaire, qui était amoureuse pendant trois ans en secret. Nous avons fait semblant d’ignorer qui était l’objet de son affection, respectant ses raisons de rester discrètes. Son amoureux suivant m’a annoncé l’existence de leur relation en même temps que leur rupture. J’espère qu’aujourd’hui elle est heureuse en amour.

Il y a cet homme qui ne dit jamais rien mais parle quand même. Avec son regard, la position ou les mouvements de son corps. Dont on ne sait jamais vraiment tout.

Il y a ce compagnon de mon enfance avec lequel j’ai grandi. Nous avons partagé un monde imaginaire que nous reprenions chaque fois que nous nous retrouvions. Aujourd’hui c’est par nos pères respectifs que nous avons des nouvelles. Il est loin de ma vie mais a gardé sa place à part dans mon cœur.

Il y a cet ami dont l’appartement nous servait de repère quand nous sortions de l’école. Et sa sœur qui est aujourd’hui mère de famille dans une famille royale étrangère.

Il y a cette amie d’enfance, perdue de vue à l’adolescence et retrouvée par un heureux hasard. Elle aussi a trois enfants, mais en six ans.

Il y a tous ceux qui sont là, à la fois loin et près de moi, dont je peux avoir régulièrement des nouvelles grâce aux réseaux sociaux. Les poteaux de ma vie parallèle qui restent des gosses à plus de cinquante ans et que j’ai toujours aimé pour cela. Il y a la ‘petite’ qui a deux enfants et va ouvrir sa boutique alors que je la vois toujours comme une jeune fille de 18 ans amoureuse sans espoir du premier amour de cette autre amie dont la vie est aussi tumultueuse à près de trente-cinq ans qu’elle ne l’était l’été de ces 18 ans.

Enfin, il y a toi.
Toi qui n’existe plus et dont ce blog ne parlera pas.

Il y a des amitiés qui s’expliquent… et d’autres pas.

Comment reconnait-on un ami ?

Un ami, c’est quelqu’un qui connait vos défauts et vous aime tel que vous êtes.

Comme un amoureux, oui.

Et chez vous ? Est-ce que vous avez gardé vos amis d’enfance ? Où est-ce qu’au contraire vous vous êtes fait vos meilleurs amis une fois adultes ?

 

 

*Les prénoms ne sont pas les originaux

** C’est son premier prénom, mais seuls ses amis les plus proches sont au courant