Mon Sacha-petit-chat,
Depuis que tu es né, chacune de tes premières fois est une dernière pour moi. La dernière fois que mon bébé fait son premier sourire intentionnel (17 jours), la dernière fois que mon bébé commence la diversification (6 mois), la dernière fois que mon bébé découvre la marche (18 mois), etc. Ce matin, c’était la dernière fois que mon enfant entrait officiellement dans la vie scolaire. Certes tu as fait déjà toute une année en toute petite section, mais aujourd’hui, ce n’est pas pareil.
Tu entres en petite section, tous les enfants nés en 2015 sont invités à l’école.
Depuis que tu es né, mon chéri, je me sens un peu ambivalente face à toi. D’un côté je suis heureuse de te voir grandir, de l’autre j’ai conscience que ton père et moi vivons certaines belles choses pour la dernières fois.
J’aime quand tu viens me rejoindre au petit matin parce que tu as fait un mauvais rêve. Oui, je grogne, mais c’est normal : tu me reveilles. Je t’aide à grimper sur mon lit encore trop haut pour tes petites pattes. J’aime aussi quand ton frère fini de se réveiller en nous rejoignant, les yeux encore remplis de sommeil.
Bientôt vous ne le ferez plus.
Je pourrais profiter de nuits plus longues.
Je perdrais ces réveils emplis de câlins, mes petits lovés contre moi, le nez dans mon giron tels des nourrissons.
Depuis que tu es né mon chéri, tu fermes le bal de ma maternité.
Tu le fais naturellement, avec tes grands yeux clairs et ton sourire perpétuel. Tu es mon tout petit, mon dernier né, mon Sacha-petit-chat. Le seul de mes trois enfants qui ait un surnom officiel, pour lequel je fais de la propagande.
J’aime quand tu pars seul sur ta draisienne, ton casque rouge un peu de travers parce que tu l’as mis sans aide. Tu me fais un grand sourire : « Au revoir Maman, je pars en voyage ! » Tu roules tranquillement jusqu’à la limite que je t’ai donné. Je fais semblant de ne plus pouvoir te surveiller du coin de l’œil : tu ne le sais pas, mais je te lâche la bride progressivement.
Tu tournes autour d’un arbre, chantonnant gaiement, cherchant des yeux tes aînés partis plus loin, sans toi. Ensuite, tu me reviens. Je lève les yeux de mon livre, faisant semblant de te découvrir devant moi. « Bonjour Maman, je suis de retour », me dis tu en riant. Je te souris en retour, te demande si tu as fait bon voyage.
Seul sur ta draisienne, tu as vécu une aventure palpitante, mettant ton grand courage à l’épreuve. Tu me racontes ton périple au loin, me parlant d’un pays exotique que tu as visité à quelques mètres de moi. T’écoutant, je réalise qu’un jour tu t’élanceras en vélo, sans roulettes, pédalant de toutes tes forces pour rattraper ton frère et ta sœur.
Je suis aussi impatiente que peu pressée de voir cela.
Est-ce ton frêle gabarit qui me fait te voir plus petit que tu ne l’es ?
Depuis que tu es né, j’aime quand tu te blottis contre moi, les jambes fléchies comme une grenouille, ton animal totem. Je te parle doucement, t’appelant « Sacha-petit-chat ». Le pouce dans la bouche, j’ai parfois l’impression de t’entendre ronronner. Je te sussure des bêtises à l’oreille. Je te bécote. Je te pose des questions idiotes, auxquelles tu réponds en hochant la tête de haut en bas ou de gauche à droite.
Mon amour, tu grandis.
Cet été nous avons constaté que désormais nous avions trois enfants, encore ‘en bas âges’ certes, mais assez grands et indépendants pour jouer seuls, se faire des copains dans le camping, vivre votre vie sans nous, une vie dont nous ignorons les détails. Avec ta rentrée en petite section, notre statut de parents évolue. Désormais nous oublions que nous avons été parents de nourrissons, de bébés, pour découvrir la vie de parents d’enfants.
Ce sont des années dorées.
Vous êtes tous les trois suffisamment grands et éveillés pour vous intéresser à de nombreux sujets. Vos personnalités s’affinent, s’affirment. Vos copains et vos amourettes prennent de l’importance. Vous êtes aussi suffisamment jeunes pour nous montrer, sans hésitations, votre besoin de nous, votre envie d’affection.
Ces années sont les plus belles de la parentalité, nous allons en profiter à fond. Elles nous donneront des forces quand viendra le temps d’affronter vos adolescences à ton frère, ta sœur et à toi.
Aujourd’hui mon amour, mon Sacha-petit-chat, c’est ton papa qui t’a déposé seul dans ta classe, je n’ai pas pu te faire un dernier bisou avant que tu ne rejoignes Irène* et Maëlys* dans la classe. Je n’ai pas pu te murmurer « je t’aime » à l’oreille avant de te laisser avec tes camarades.
Alors je t’ai écrit une lettre.
Au revoir mon bébé, désormais je sais que tu es un grand petit garçon.
*Les prénoms ne sont pas les originaux.
Tellement émouvant… On ressent bien toute l’affection pour ton Sasha, c’est touchant 🙂 Ils grandissent…
Bonne rentrée à tes petits loups… 😊
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Merci. Mon mari et moi sommes super ambivalents vis à vis de lui… quelque part il en profite, nous demandant par exemple de le nourrir à la cuillère alors qu’il a 3.5 ans…
On a attendu 6 ans de sortir des couches et là c’est nous qui freinons inconsciemment l’évolution du ‘petit’…
C’est pas simple je trouve.
Papa chouch a écrit un super texte hier soir sur le même sujet
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Très touchant…Cette ambivalence entre le plaisir de le voir grandir et la nostalgie des dernières fois… Belle rentrée chez vous!
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Merci Picou.
Papa Chouch a publié un texte hier soir sur le même sujet avec son petit qui marche…
C’est pas simple de dire au revoir à certaines belles choses qu’on vit en tant que parent de tout petit.
Est ce que tu ressens parfois cette nostalgie là avec ta petite ?
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C’est très joliment exprimé…
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Merci 🙂
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Un bien bel article pour ton grand petit garçon ! Belle rentrée à vous tous. !
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Merci.
Elle a été belle cette rentrée : ils sont tous les trois ravis
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Très belle mise en mots de ce que je ressens chaque jour pour ma petite dernière. Très belle rentrée à tes enfants!
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Merci. Cela me rassure/fait plaisir de sentir que je ne suis pas la seule à ressentir tout cela
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C’est tellement émouvant! Le bonheur de es voir grandir et en même temps l’envie de les garder rien que pour nous! Belle rentrée à vous! Chez nous, il faudra encore attendre 1 an!
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C’est tout à fait cela… à la fois j’ai envie qu’il ait un job et me foute la paix, et en même temps je voudrais qu’il dorme sur moi comme quand il sortait de la maternité !
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Magnifique que c’est beau
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Merci, c’est gentil
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Quelle belle lettre pour une première rentrée… je te suis de près, et je sais que j’aurai cette même ambivalence dans 2 ans! Mais quand je me pose vraiment la question, non je ne referai pas le chemin à l’envers. Et toi?
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Eperluette qui a déjà plus d’un an… cela file !
En effet, je ne ferai pas le chemin à l’envers… je t’avoue que donner un biberon en pleine nuit puis recoucher le petit pour aller me traire les seins ne me manque absolument pas (pour ne citer qu’un exemple) !
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Je connaîtrais cette béatitude l’année prochaine ❤ ❤ ❤
Félicitations à ce grand petit bonhomme pour ce nouveau statu dûment gagné !
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Merci pour lui. Je ne sais pas si c’est une béatitude…
Par contre niveau ambivalence mon mari était paniqué à l’idée de l’envoyer au centre aéré sans couche aujourd’hui… A 3 ans et demi Fifi ne portait plus du tout de couche et Ririe avait laissé tombée celle de la sieste depuis plus d’un an
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