La semaine dernière, c’était la rentrée, avec son cortège d’inscriptions scolaires et extra-scolaires. Cette année, il est hors de question de continuer comme l’an passé à courir après le temps toutes les semaines dans le but d’introduire mes deux enfants aînés à la danse. J’ai donc pris contact avec une nouvelle de danse qui ouvre dans notre quartier à la rentrée et propose des cours le samedi.

Mise au courant peu avant notre retour, Ririe a immédiatement fait montre d’enthousiasme : elle sait qu’une de ses amies y sera inscrite et cela ravive son envie de faire des entrechats.

Le visage de Fifi s’est fermé. Le visage boudeur, les sourcils froncés, mon fils est assis à la table familiale, les bras croisés sur sa poitrine :

« Je ne veux pas y aller ! ».

Hors de question pour lui de faire de la danse : c’est trop fatiguant !

L’an dernier Fifi nous a harcelé pour aller à la danse. A chaque cours, il a eu l’air content, l’année semble s’être bien passée.

Fifi aime la danse, il a été ravi de ses spectacles de fin d’année. Pendant les vacances, il a insisté pour faire les spectacles enfants du camping (rémunérés par des bonbons, les animateurs savent motiver les enfants).

Alors Monsieur-Mon-Mari et moi ne comprenons pas ce blocage. Nous imaginons qu’il est inquiet parce que son école a fermé, qu’il ne connait pas l’enseignant. Peut être a-t-il un peu besoin pour cette fois d’être poussé ? Nous lui demandons donc de tester le cours dans la nouvelle école.

Il a le droit de ne pas aimer et ne pas s’inscrire cette année.
Mais seulement après avoir essayé.

Nous voilà donc samedi de bon matin, sur le chemin de l’école de danse. Chose admirable et admirée, l’école est à 4 minutes en voiture. Second point positif : il y a un parking ‘zone bleu’ à proximité. Les trois enfants descendent de voiture, tout sourires. Loulou attrape une de mes mains, Fifi l’autre, et Ririe nous emboite le pas.

La découverte du studio de danse est un plaisir : c’est grand, lumineux, neuf. Il y a un vestiaire et deux salles de pratique. L’une des deux est visible depuis la rue, avec ses grands miroirs et ses barres. En bleu de travail, un homme est entrain de finir d’y poncer le parquet.

De la musique nous parvient de l’étage ou se trouve l’une des salles. Il est 10h18. Une file d’attente, classique des rentrée est là, je m’y glisse, laissant les enfants vagabonder.

Les trois enfants, enchantés, découvrent les lieux. Ririe scrute les gens, écoute les conversation des adultes. Collé à la vitre, Fifi observe les gestes de l’artisan qui fini la seconde salle de danse. Loulou avise une salle d’attente avec un bureau d’écolier et des jeux.

De l’étage du bâtiment nous parvient la voix de la professeure de danse. Son ton est doux, encourageant. Faisant la queue derrière d’autres mamans (où sont les papas pendant les inscriptions périscolaires ?), je regarde sans vraiment les voir les papiers disposés sur la table. Il y a une feuille manuscrite avec le nom du cours et l’horaire du test… de 10h à 10h30 ?

Flottement… et début de panique. J’interroge une des personnes qui me confirme que c’est bien le cours d’essai que nous entendons. Gentiment, elle propose que mes enfants montent rejoindre les autres.

Nous ne prenons pas le temps de les mettre en tenue (note pour l’avenir : habiller directement les enfants en tenue de danse plutôt que leur mettre les vêtements de ville juste avant de les charger dans la voiture).

Ririe est déjà dans l’escalier.
Loulou la suit.
Fifi pile sur les freins.

Il refuse totalement d’avancer, commence à pleurer : « je ne veux pas y aller ! ». Mon fils a changé d’avis et refuse de tester le cours. La charmante dame comprend rapidement la situation… elle lui propose de monter l’escalier et de seulement regarder.

Ma tête de mule accepte, les yeux pleins de larmes retenues.
En haut un grand studio éclairé par des velux, de grands miroirs et la prof. Une jeune femme brune, souriante, en pantalon de jogging. Ririe est déjà pieds nus. Elle fonce sur la piste… (j’apprendrais après qu’elle a repéré une copine du centre aéré –heureuse surprise-). l’enseignante la met en place dans le groupe. Ririe s’installe en position, s’intégrant instantanément à la formation, le grand sourire en prime.

Fifi reste immobile.

Notre accompagnante lui propose de retirer ses chaussures et de s’asseoir sur un tapis pour regarder. Il acquiesce, un peu hésitant.

Toute aussi hésitante que Fifi, je redescends dans la salle d’attente avec mon plus jeune fils. Loulou  fonce vers les jouets, me demande s’il peut les découvrir plutôt que de prendre ceux qu’il a emportés. « Vas-y mon bonhomme ».

La moitié des mamans présentes sont déjà entrain de lui sourire, conquise par son rire communicatif et sa petite voix. En haut la musique a repris, j’entends la voix de la professeure qui encourage les enfants. Je récupère deux dossiers, remplis celui de Ririe.

10h30. Les enfants redescendent, les yeux brillants, en une joyeuse cavalcade. Fifi a un grand sourire.

– « Alors mon chéri, est ce que cela t’a plu ?
– Oh oui Maman ! C’est super.
– Elle te plait la prof ?
– Elle est trop gentille, et elle est belle aussi.
– Et la danse, tu as trouvé cela intéressant ?
– Oh oui, c’est pas comme chez C*, c’est de la musique moderne. C’est rigolo et j’aime bien.
– Est-ce que tu veux bien essayer samedi prochain du coup ?
–Non maman, je ne veux pas y aller. »

 

Nota :  la vidéo m’est inspirée par le thème du jour… ce n’est pas la musique choisie par la professeure pour le cours de danse…

 

Le #10 du mois est un défi blog. Il s’agit, à date fixe, de publier un article sur un thème imposé (les explications du concept sont là). Le #10dumois, est pour moi l’occasion de faire un article d’un genre différent, puis d’aller découvrir ce que les collègues, avec leurs blogs très variés, ont produit .
Ce mois ci  le thème est « Je ne veux pas y aller »